La construction d’un corridor sécurisé permettant de contrôler les visiteurs traversant des bateaux au centre de douanes du Terminal de croisières du Port de Québec s’intégrait dans un projet global de réaménagement de la Pointe-à-Carcy. Un des legs du gouvernement fédéral pour le 400e anniversaire de la ville, ce projet s’inscrivait dans une démarche de réappropriation du fleuve par les citoyens. En plus du corridor, l’ensemble comprenait la reconstruction de l’agora extérieure, l’aménagement de loges, d’une billetterie, de toilettes et de jeux d’eau pour enfants dans un grand parc urbain où étaient privilégiés les accès piétonniers et cyclables.

La conception du corridor sécurisé devait tenir compte des éléments existants sur le site, tout en s’arrimant adéquatement au Terminal de croisières. L’héritage portuaire et les nombreux réaménagements du site ont laissé des traces hétéroclites qui incluent entre autres des hangars réaménagés en école navale et en terminal de croisières et un édifice historique à valeur patrimoniale, l’Édifice des Douanes. De plus, le site offre des vues magnifiques à la fois sur le fleuve et sur la haute-ville de Québec. Servant aussi d’encadrement à l’espace de l’Agora, le corridor se devait d’être transparent pour permettre une grande visibilité à la fois pour les touristes et pour les utilisateurs du parc. La construction près d’aménagements existants a amené de nombreuses contraintes. Le bâtiment devait ainsi en partie s’intégrer sous la terrasse du Café du monde, ce qui dictait une hauteur libre assez faible. La présence d’une voie de service voisine et des bassins d’eau existants limitaient aussi la largeur de l’espace. Les nouveaux aménagements devaient finalement s’adapter aux mouvements de l’eau des grandes marées.

Inspiré par la proximité du fleuve et le climat québécois, l’équipe de conception a développé une expression basée sur la dynamique du mouvement de l’eau et des glaces. Le corridor permet ainsi de rappeler l’identité portuaire du lieu : l’arrivée des voyageurs est inscrite dans un espace rappelant la transition entre la terre et le fleuve, la transformation des éléments naturels et construits. La référence aux puissances des glaces évoque la force de l’eau, des astres et du climat et révèle au visiteur contemporain le rythme des marées. Elle rappelle aussi l’importance historique des ponts de glace permettant le passage d’une rive à l’autre.

L’emplacement du corridor sécurisé sur le site fait en sorte que chacune de ses façades, incluant la toiture, est visible. La conception d’un bâtiment intégrant une forme unifiée allait ainsi de soi. Le prisme de verre fragmenté peut être aperçu dès l’approche des bateaux. Les surfaces lisses et le choix des matériaux contribuent aussi à renforcer l’intégralité du concept et l’unité de la volumétrie malgré la fragmentation. Le revêtement métallique et les verres clair et dépoli permettent des jeux de lumière qui rappellent aussi la réflexion du soleil sur les glaces glissant dans les eaux du majestueux fleuve qui traverse notre contrée.
La fragmentation du prisme se manifeste par une suite de volumes et de rencontres (inclinaisons, alcôves, angulations) qui dynamise et articule les façades. L’aspect aléatoire de la toiture-glaces est cependant rationalisé par la répétition d’un module structural permettant de respecter le concept. Ce module est mis en contraste avec une structure linéaire et rigoureuse pour le passage intérieur qui accentue la force des parois mouvementées du volume. L’épaisseur variable des espaces intermédiaires entre le passage et les parois propose des temps de repos aux croisiéristes qui peuvent ainsi apprécier l’ensemble du site sans nuire à la bonne circulation. Les plis et rencontres des volumes suggèrent l’inclinaison des toitures et favorisent l’écoulement des eaux et l’intégration des éléments de gouttière.